lundi 25 juillet 2011

Manifeste pour un mieux construire à Roscoff

Identité roscovite et constructions nouvelles
Roscoff est héritière d’un patrimoine architectural qui fonde son identité. Ainsi elle a une personnalité qui la caractérise et la distingue. A cet égard son bâti lentement élaboré au cours des siècles en constitue l’illustration.

Tout Roscovite – de la mer ou de la terre – en est fier et tient à le préserver.


Ce patrimoine ne saurait donc être laissé à l’abandon ; ni être mutilé ou injurié sans susciter de réactions.

Les Roscovites - de naissance ou de cœur -  entendent jalousement continuer à vivre dans une ville pleinement identifiée

Ici s’est tissée, au fil des siècles, une profonde et délicate alchimie entre l’homme et son habitat qui le protège, dans lequel il naît, grandit, se reproduit et meurt. Ici existe une  authentique communauté à laquelle le modernisme et l’économie marchande alliés au manque de goût ne sauraient porter impunément atteinte. 

Or aujourd’hui cette identité lentement construite avec soin et amour par nos prédécesseurs est menacée. Par des évolutions trop rapides et sans lien, ni continuité avec ce qui est.

Trop longtemps a été laissé le champ libre à des concepteurs et des constructeurs agissant selon le thème de la rupture en imposant leur volonté de « faire du nouveau », ou de se «débarrasser du carcan de la tradition ».

Ainsi d’inopportunes options tendent depuis quelques années à développer une urbanisation massive dont les esthétiques sont de rupture. Qu’il s’agisse de l’habitat collectif ou individuel pavillonnaire. Cette évolution pernicieuse doit être interrompue faute de quoi Roscoff changerait de nature et de visage. Au mieux, à terme, cohabiteraient d’un coté une ancienne cité bretonne de caractère avec de l’autre une ville densifiée « moderne » sans racine, c’est à dire à l’esthétique de partout et donc de nulle part.

En revanche Roscoff peut évoluer, peut-être même s’agrandir, sans pour autant perdre son âme en singeant les stations balnéaires stéréotypées telles qu’ implantées ces dernières décennies dans le monde au seul profit immédiat des promoteurs et des spéculateurs.  

Ainsi il s’agit de rejeter le principe même de l’implantation de maisons individuelles ou d’immeubles collectifs aux lignes cubiques avec terrasses ou toit en croupe et aux couleurs criardes sans pour autant préconiser les restaurations selon des clichés folkloriques artificiels.

Aujourd’hui des lotissements naissent et poussent de manière anarchique sans plan d’ensemble précis, sans souci d’intégration dans le milieu naturel et d’assimilation à l’existant.

D’autres sous prétexte d’amélioration agrandissent les fenêtres en utilisant pour les volets la matière plastique au lieu du bois traditionnel. Ou accolent de hideux garages à de belles maisons. Sans compter les prétendus hangars agricoles dont l’objet sera de se muer subrepticement en regrettables habitations ou bien les tapageuses « Wine Houses » qui semblent remplacer l’ancien octroi. Ces constructions surgissent dans le paysage mais ne s’y fondent pas.

Tout cela jure avec le bon goût que la tradition nous avait légué.

Certes il sera objecté  que « des goûts et des couleurs… » et que « les coûts de construction » contraindraient à faire ce que nous dénonçons. Rien de plus captieux. En effet les goûts et les couleurs ne sont pas relatifs mais absolus lorsqu’on pense Bretagne. Quant aux coûts il est parfaitement possible de faire breton et attrayant sans pour autant dépenser plus. Quand bien même faudrait-il qu’en compensation soient, par exemple, prévues des exonérations temporaires de taxes communales ou le versement d’une subvention. En effet en aucune manière il est pensable de procéder à la construction d’une maison sans qu’elle ne possède un toit à deux pentes inclinées à 45°, recouvert d’ardoises, avec des murs pignons aveugles en pierre surmontés de cheminées. Sauf à vouloir défigurer Roscoff, lui voler son âme et son charme et la rendre sans intérêt architectural ; et partant touristique.

Il faut que chacun en prenne conscience et accepte désormais de concourir à préserver le bien inestimable que nous possédons en commun.

Il est nécessaire donc d’avoir le souci d’une harmonie fille d’une entente complice entre l’homme et l’espace qu’il habite. Ce qui interdit l’introduction d’éléments disparates qui ne peuvent que créer malaise et gêne. En effet une construction si plaisante soit-elle n’a de personnalité qu’en relation étroite avec ce qui l’environne.

Ce qui implique des proportions, des formes et des couleurs qui plaisent aux yeux et quifont naître l’admiration tout en veillant à ne pas porter atteinte à la spécificité de ce qui l’entoure.

Les formes des constructions doivent être sérieuses mais sans prétention. Elles doivent émerveiller par l’intelligence des pierres et moellons qui les composent en s’emboîtant.

Les habitations peuvent être accolées, pignon contre pignon, pour former de longues rangées en « ar sterrer tier » sans uniformité mais dans une unité dans la diversité.

Autrement dit proscrire ce qui est de nature à porter atteinte au caractère et à l’intérêt des lieux avoisinants dont les constructions existantes traditionnelles.

Ces observations exigent, en amont, la vigilance de tous. D’autant plus que se dessine un flux notable vers nos régions côtières et paisibles de personnes fuyant les miasmes de la ville.

C’est pourquoi nous nous adressons à tous afin que chacun puisse agir avec mesure et discernement en ayant la préoccupation majeure de ne jamais nuire à Roscoff.

Quelques réflexions et idées aideront à mieux construire, à mieux préserver et respecter la personnalité de la cité.

Ainsi, actuellement, le PADD (plan d’Aménagement et de Développement Durable) de Roscoff exprime les objectifs en matière d’urbanisme. Il précise la qualité architecturale et l’aspect extérieur des constructions. Il expose que les projets doivent présenter une harmonie dans les volumes, les proportions, le choix des matériaux et des couleurs. Mais de façon indigente.

Et en son article UH11 le règlement du PLU précise ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas.

Cependant en ses dispositions actuelles, cet article souffre de grandes carences. En effet il ne comporte aucune indication à propos des constructions contemporaines et à venir.

Ce qui est regrettable et conduit l’ASSR à affirmer qu’il importe que sans tarder soient établies des règles fermes afin de réduire l’impact visuel des nouvelles constructions en évitant de subir une architecture disparate et désordonnée dans ses formes, compliquée et décousue dans ses volumes.

C’est pourquoi il est préconisé : 
 1. en amont de tout projet de construction la consultation gratuite mais obligatoire d’un architecte attaché à la Ville de Roscoff ou à l’institution inter-communale comme cela se fait dans toute cité de caractère


 2. que les matériaux utilisés soient du pays, pierres ou moellons de granit ; ou à défaut de parpaings enduits selon une couleur choisie dans les limites d’un nuancier. Le matériau le plus noble, le plus authentique et le plus emblématique est le granit. Il résiste à la flexion et à l’écrasement. Il convient pour l’ensemble de la construction dont notamment les linteaux et les piédroits. Il ne peut pas ne pas apparaître dans les façades, les chaînages d’angles, les rampants et les cheminées. Il contribue à l’édification d’un habitat adapté au sol, au climat, au vent opiniâtre, au sel et à l’humidité Le joint beurré en chaux éteinte mélangée au sable doit sans excès boucher les creux, affleurer et laisser apparaître le ventre des moellons.


 3. que les toits soient exclusivement recouverts d’ardoises ou de chaume. Avec l’ensemble de ces matériaux la maison doit se confondre avec le sol.


 4. que soient interdites les toitures terrasses et les toitures monopente ; ces dernières ne seraient autorisées qu’avec une déclivité de plus de 25 % à condition d’être accolées au bâtiment principal dont la toiture est à deux pentes


 5. l’abolition si possible du principe de la maisonnette au milieu d’un petit terrain contribuant à un habitat dispersé dit de mitage 


 6. que les murs de clôture soient en harmonie avec la couleur de la maison qu'ils entourent; que les murets de délimitation de propriété soient, en ville, d’une hauteur de1m ou de 0,60m surmonté d’une haie d’essence locale. (de type escallonia)


 7. que les cheminées soient à épaulement


 8. que les lucarnes qui rythment les façades et agrémentent les toits soient simples, à fronton, en chien assis ou à capucine.


 9. que les pignons soient débordants et terminés par des crossettes sur les rives


10. que les fenêtres soient rectangulaires et plus hautes que larges


11. que le mur mitoyen soit revitalisé


12. que les volets, fenêtres et portes d’entrée soient en bois et fassent l’objet d’un soin particulier


13. que les ferronneries dégagent de l’authenticité et du charme. Dispensent une saveur qui n’est pas mesurable mais qui donne un sentiment de bien-être et de satisfaction


14. que le zinc ne soit pas autorisé en façade


15. que les gloriettes dites vérandas ne soient autorisées qu’en harmonie avec l’existant au regard des volumes et matériaux avec une toiture dont la pente rappellerait celle dubâtiment principal


16. que le volet «  paysager » du permis de construire soit soigné car il n’est pas secondaire. Il veillera à contribuer à fondre la construction dans son environnement et l’espace public 


17. que des plantations de haies ou d’arbres d’essence locale soient prévues afin de limiter l’impact visuel des constructions qui ne doivent pas détonner


18. que les panneaux photovoltaïques et autres antennes paraboliques soient impérativement fixés en dehors des faces visibles de la construction depuis l’espace public et seulement au nu des ardoises

Dans l’immédiat il y a lieu, en urgence, sur l’ensemble du territoire de la commune à : 

• révision du P.L.U. notamment en son article UH 11 relatif aux constructions contemporaines selon les dispositions susmentionnées.

• mise en place du principe de la soumission obligatoire à un architecte consultant attaché à la Ville de tout projet de construction ou de réhabilitation ainsi que d’aménagement de lotissements

• renforcer la vigilance absolue de l’application de la loi relative au littoral

• mettre effectivement en œuvre l’application des dispositions du nuancier à toutes les constructions ou réhabilitations

• l'application stricte du règlement local de publicité.


    Pierre-Marie Guastavino       Président 

1 commentaire:

  1. bonjour,

    j ai reçu ce jour dans ma boite aux lettres votre manisfeste.Sachez que je suis profondement scandalisé par vos propos. Pensez vous avoir le monopole du bon goût et etre les seuls à aimer cette ville.Détrompez vous, je construit actuellement une maison contemporaine sur roscoff et en aucun cas je pense a dévisager le paysage dans lequel j ai grandi et éléve aujourd'hui mes enfants. Roscoff a un coeur historique magnifique que j admire tous les jours et que la commune s efforce à embellir et a restaurer( un seul point ou je suis d accord avec vous, ceci est notre patrimoine et il faut le maintenir).Les constructions que vous denoncez se situent en péripherie et ne degradent en rien ce patrimoine bien au contraire , nous vivons dans notre temps...).Par ailleurs, je paye des impots comme vous pour que notre petite cité de caractère garde tout son charme.
    Pour appronfondir sur notre construction , c est une maison BBC qui correspond a toutes les normes environnementales et qui s inscrit parfaitement dans son temps . De plus, je trouve vos propos parfaitement elitiste car tout le monde n'a pas les moyens de construire une maison correspond a vos critères.

    cordialement

    un roscovite et fier de l'être!

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